Princesse de la procrastination aux tongs cassées ; moi qui n’étais pas montée sur une balance depuis 1995, je décante au fur et à mesure que l’été s’allonge et s’étire à coups de siestes volées et de torpeur assommante. A moins d’un mois du quart de siècle, j’ai vingt-quatre ans et onze mois, par pure fausse coquetterie. Il fait trop chaud pour dormir, trop chaud pour écrire, trop chaud pour réfléchir trop loin, je compte les euros à mettre dans le taxi, dans la carte de recharge, dans cinquième et le sixième bateau, ceux à investir dans le souvlaki et s’il en reste, ceux à donner aux silhouettes émaciées qui cherchent à acheter un ticket de bus, avec ou sans guillemets dans le bénéfice du doute. Le seul magicien dans cette histoire, c’est le remix de l’été, qu’on a senti venir dès le défilé de la Cambre dans l’air du début de juin, retrouvé avec Anne et Micha début juillet dans l’euphorie d’un anniversaire, redécouvert incrédule à chaque coin de Naoussa, dans la radio grésillante du taxi athénien, programmé dans la voiture à Paros. Avant c’était ma voix qui m’accompagnait dans une carcasse sans stéréo. Maintenant c’est une nouvelle caisse, et elle joue pour toi. La magie a rythmé l’été – de la rivière à la mer Égée. (Mais pas besoin de son quand tu regardes la mer, c’est péché.) Dix jours, encore, avant le vol retour, à égrener gaiement entre l’odeur des bougainvilliers pour masquer celle de la pollution, le meilleur pop-corn de l’univers les doigts de pied en éventail dans le cinéma en plein air, le vernis qui s’écaille fidèle à lui-même et l’huile solaire indice trente moins dix. Et la suite se fait attendre.

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(2011)