J’ai pris un avion vendredi. J’ai filé en secret, en catimini. J’en ai parlé à presque personne – ou alors j’ai menti. Sur le papier l’envie d’ailleurs, le soleil, la famille. Embarquée dans la file Gate A54, les mots brûlants sous le clavier et la dentelle sous mon jean connaissent la vérité.
Prendre l’avion pour s’envoyer en l’air, jeu de mots facile à faire. C’est pas la première fois et c’est sans doute loin d’être la dernière. Détachez vos ceintures, bienvenue sur Slut Air.
Le sel de la vie, c’est ce qui scintille dans la cacophonie. C’est ce qui brille entre les interstices de la souffrance, c’est le feu d’artifice parmi les exigences de l’existence, c’est le goût inattendu sous la langue qui éveille les sens. C’est tout ce qui allume le fond de l’œil avec envie.
Pour moi le sel de la vie,
c’est entre autres aussi,
ce genre de rendez-vous, un vendredi.
C’est l’obsession du décompte et l’anticipation, la fièvre et l’imagination. C’est le diable dans les détails de l’organisation.
C’est savoir qu’il existe sur cette planète quelqu’un
Qui vous enflamme le corps comme vous faites brûler le sien.
C’est les dernières secondes avant la dernière ligne droite. C’est les peaux qui s’entrechoquent enfin. C’est quand ça se bouscule, ça s’attrape, ça s’agrippe, ça s’emboîte. C’est la salive, les griffes et les morsures. C’est la fureur et l’excès, c’est les gestes empressés. C’est le putain de mobilier renversé.
C’est les traces et les taches de l’après, les traits tirés et les membres courbaturés.
C’est les frissons et les fragments mentaux qui reviennent en boucle bercer la satisfaction. C’est le regard impétueux promené dans la rue après, gorgé d’une assurance dont lui seul a le secret.
Le sexe c’est un de mes sels de la vie
Dans tout ce qui anime, émeut, hante
C’est une des choses qui me fait sentir
Putain de vivante.