(archives) BXelle

Il y a les femmes : Louise, Stéphanie, les deux bourgeoises ; Marie-Josée, et même une Sainte-Catherine. Quelque part au milieu, Eugène Flagey, défiguré pendant des années, reprend sereinement son train de vie ixellois, son belga néo-bobo, les néons fluorescents du bar du marché, les hippies murmurent au coins des rues, titubant comme des pantins après une Orval de trop, leurs cigarettes roulées à peine entamées. En face, des rails de coke et plus loin les Portugais et leurs cafés noirs, leurs exhalaisons de tabac, la télé en fond sonore et les foutus bingos. Prendre une frite grasse au Frit’Flagey après une heure et demie d’attente dans le froid, traverser les irlandais devant le foot. Plus haut, rencontrer une Petite Suisse, boire un demi dans un Montmartre avec des collines en forme de babyfoot. C’était le temps où Bruxelles Bruxellait… Je reste persuadée qu’elle bruxelle encore, quand elle peut, quand elle n’a pas à attendre un quelconque gouvernement mais que les gens se rassemblement sur des immenses étendues d’herbe, leurs pieds foulant légèrement le sol au rythme d’un pique nique élektronik géant, des mélodies légères et des gens insouciants sur les gazons, les heures de thé et tous ces rassemblements tranquillement euphoriques des étés-quand-il-ne-pleut-pas. Il reste tout encore ; Saint Gilles et le parvis, ses bars étroitement alignées dans ce piétonnier hors du temps, la maison, l’union, le marché, la friterie de la barrière, et la maison communale place Van Meenen, et tout en bas, Zuidstation, ses couloirs qui sentent la pisse, un refus d’autorisation de tournage transgressé, la foire du midi et ses attractions autant au sol que dans les airs, tss mademoiselle t’es charmante. Gilles, Boniface et le Mano à côté de l’Ultimatome, puis les bruits de Matongé, les couleurs, les odeurs, traverser le parc et c’est les costumes du Parlement et de la Commission avec Aung Saan Suu Kyi place du Luxembourg (excuse my birman), je pourrais continuer une plombe mais ça n’intéresserait que moi, ex-étudiante ULBiste entre ayant usé mes bottines de la Jefke au Janson en passant par le Cimetière d’Ixelles du Tavernier à ma coiffeuse, examens au Chavanne et pause clope au KafKaf en tentant d’attrapper le dernier sandwich histoire de bouffer pour midi sans me taper le Stubbe, être à la bourre au cours à cause de la longue avenue Héger et toutes les connaissances croisées en chemin jusqu’au AZ1.101, ne jamais foutre les pieds en bibli sauf en blocus où tu luttes pour trouver une mini place au fond près du radiateur, plastifier sa carte d’étudiant pourrie, écrire son mémoire, lancer son chapeau carré en l’air. S’inscrire chez Actiris, après. Haha. Eviter Madame Stachemou le samedi pour risque d’asphyxie, toujours avoir un pied au Supra Bailli, avec un kir violette (ou un tonic les lendemains de cuite), passer Place Brugmann au moins deux fois par an pour le Balmoral, finir au Bonnefooi au moins après 5h du matin, attendre les soldes pour mettre les pieds chez Mister Ego, boire une Taras Boulba à l’un des deux Moeder, et surtout, obligatoirement, vivre une de ces soirées auxquelles on va sans grande conviction en vérifiant l’heure des derniers trams et où l’on finit complètement exposé et extatique, parlant à au moins quatre ou cinq inconnus de façon complètement enthousiaste (plus jamais revus après, une demande facebook moisit dans un coin), et où on finit au moins après le lever du soleil, grelottant mais content.

éternellement, à remplir, Bruxelles est toujours belle.

(2011)

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