Ben Stiller & Adam Sandler dans ‘The Meyerowitz Stories’ : « Netflix fait les films que les studios ne font plus »

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pendant l’interview à Cannes #photoenschmet
Première parution : Metro Belgique – 13 octobre 2017

Cannes – Dès vendredi 13 octobre, les abonnés de Netflix Belgique pourront découvrir ‘The Meyerowitz Stories’ de Noah Baumbach, avec Adam Sandler et Ben Stiller. Comédie névrosée sur une famille d’artistes qui a du mal à s’entendre, le film a fait jaser au dernier festival de Cannes. Pas à cause de son contenu, mais parce qu’il était présenté en compétition alors qu’il ne sortira pas en salles. Preuve que notre consommation de films est en train de changer, et les deux comédiens, qui sont aussi artistes et pères de famille, ont leur avis sur la question. Et vous, plutôt grand écran ou petit ?

 

‘The Meyerowitz Stories’ parle de la difficulté d’être artiste et père de famille à la fois… Quelle est votre expérience de ça ?

Adam Sandler : « C’est beaucoup une question de gestion de temps. Je sais que parfois je travaille trop. D’ailleurs je suis loin de ma famille actuellement, mes enfants sont avec leurs deux grand-mères, qui leur donnent sûrement beaucoup trop à manger. Maintenant j’y pense et ça m’angoisse (rires). Mais c’est comme avec n’importe quel boulot. Quand je tourne un film je les fais venir sur le plateau, tant que je peux. C’est vrai que quand je ne les vois pas pendant trop longtemps ça me rend un peu dingue (sourire). Je mets tout mon cœur et mon âme dans mon travail, mais quand la journée est finie, je cours pour les retrouver (sourire).

Ben Stiller : Être l’artiste dans la famille, c’est sûr, c’est difficile. J’ai grandi dans une famille du showbiz, donc j’en ai fait l’expérience (Ses parents étaient tous deux comédiens, NDLR). Avec le temps, j’ai appris à gérer ça, et à j’ai compris que ce qui me rend heureux, c’est passer autant de temps avec mes enfants que possible. Quand ils étaient plus petits, je faisais toujours en sorte qu’ils puissent venir sur mes tournages. Mais j’ai réalisé qu’un enfant ne trouve pas toujours un tournage amusant, même si vous essayez de rendre ça fun : « Hé, regarde ce câble, il est pas trop cool ? » (rires). Donc la clé je pense, en tant que parent, c’est de réaliser que si ce que vous faites n’intéresse pas vos enfants, c’est à vous de vous intéresser à ce qu’ils font. J’ai réalisé que c’était à moi de leur faire de la place dans ma vie, et pas l’inverse. Donc j’ai décidé, il y a six ou sept ans, de ne plus tourner de films en juillet-août, pour pouvoir partir en vacances en famille. Et ça a changé beaucoup de choses pour moi, parce que j’ai commencé à me connecter davantage à eux, et du coup chaque année j’ai hâte de repartir. J’adapte mon emploi du temps en fonction d’eux aussi ; je sors le soir où je sais qu’ils vont dormir chez des amis… Ce genre de chose.

SANDLER : Quand ils dorment hors de la maison, ça me rend dingue…

STILLER : Ah bon, tu n’aimes pas ?

SANDLER : Ce que je n’aime pas, c’est passer la soirée seul sur le canapé à attendre qu’ils rentrent… Et puis le matin ils t’appellent : ‘Est-ce qu’on peut rester petit-déjeuner ici ? – ‘Donc tu ne veux pas manger avec moi non plus ?’ (Rires) »

C’est une des contradictions de ce métier : vous aimez votre job, mais parfois on n’aime pas être sous les projecteurs… 

STILLER : « Je ne dirais pas que je ne veux pas être sous les projecteurs, je pense que c’est plus une question de sensibilité. Personnellement, c’est plutôt vouloir que tout le monde vous aime, et aime ce que vous faites. Si ça prime sur vos choix de vie, c’est là que ça devient un problème. Parce que ce qu’on fait n’est pas qui nous sommes. Quand tu es dans un film, c’est toi physiquement, mais c’est pas vraiment qui tu es. On met de soi dans son travail. Et les gens qui connectent avec ça, c’est ça qui est magique : les gens qui viennent te voir et te disent « Hey, ce film a été important pour moi… » Mais pour le reste il faut apprendre à naviguer au-travers, et c’est dingue. »

Adam, ce n’est pas la première fois que vous collaborez avec Netflix. Quelle est globalement votre expérience avec eux, par rapport à la polémique cannoise actuelle ?

SANDLER : « Tout ce qu’ils veulent, c’est faire des bons films. Du contenu de qualité, accessible à tout le monde. J’adore ce qu’ils font, et je suis heureux de travailler avec eux. Après, est-ce que j’aime l’expérience du grand écran ? Absolument. Avec ma femme et mes enfants, on adore aller au cinéma. Mais on aime aussi se réunir sur le canapé et regarder un film à la maison. Je sais juste qu’ils ont de bonnes intentions, et je pense que c’est quelque chose de très positif. »

Ben, quel genre de spectateur êtes-vous ? Préférez-vous le petit ou le grand écran ?

STILLER : « J’adore voir les films au cinéma. Mais honnêtement, ces quinze dernières années, peut-être depuis que j’ai des enfants, j’en regarde beaucoup plus à la maison. Je ne vais plus beaucoup au cinéma, même si j’adore ça. Donc ne peux pas vraiment me prononcer… Cela dit, je ne crois pas que Netflix signe l’arrêt de mort du cinéma. La façon dont on consomme la musique a évolué aussi, mais la musique n’a pas disparu. Ici, pareil, nos habitudes de spectateurs sont en train de changer, et il y a déjà toute une génération qui ne va plus au cinéma, mais les films ne disparaîtront jamais. La bonne chose avec Netflix, c’est qu’ils proposent des films que les grands studios d’Hollywood ne financent plus. Dans les années 70, 80, on prenait le risque de faire ce genre de films, mais plus maintenant. C’est une des raisons de l’avènement de Netflix. Et je pense que le succès de Netflix va influencer les studios, les encourager à prendre plus de risques. »

Les dialogues du film sont très abondants et rapides, on dirait presque un sport ! C’est difficile à jouer ?

STILLER : « C’est très rythmé oui, et très précis aussi : il n’y a aucune improvisation.

SANDLER : Vous vous préparez, pour être sûr de bien tout savoir par cœur…

STILLER : C’est angoissant, parce que pour le coup, vous n’avez pas le droit à l’erreur ! Sinon le superviseur vient vous dire : « C’était des points de suspension à la fin de la phrase, pas un point, donc il fallait le dire comme ça  » (rires)

SANDLER : Bonne chance à ceux qui vont devoir doubler le film, ça va vraiment être un boulot de dingue (rires) »

 

 

The Meyerowitz Stories

Ah, la famille. On ne peut pas vivre avec, mais on est malheureux sans. Elles sont toutes pareilles, mais aucune n’a la même histoire. Dans son nouvel opus, Noah Baumbach, habitué des relations chaotiques (‘Frances Ha’, ‘The Squid And The Whale (‘Les Bergman se séparent’ en VF’)), choisit de se pencher sur celle des Meyerowitz. Il y a le père, Harold (excellent Dustin Hoffman), artiste plasticien qui connut son moment de gloire dans les années 70. Il y a sa femme Maureen (Emma Thompson, brillante), loufoque et légèrement alcoolique. Et puis surtout, il y a les trois enfants : l’aîné Matthew (Ben Stiller), chéri de son papa, est devenu un brillant homme d’affaires en costume-cravate. Le contraire de Danny (Sandler), loser invétéré et père célibataire d’une jeune ado brillante. Sans parler de Jean (Elizabeth Marvel), la petite dernière discrète… Tout ce petit monde se croise, se confronte, se dispute ou s’évite dans cette comédie joyeusement foutraque, où il est question de rapports parent-enfant, et de l’influence du succès artistique sur la vie de famille. Les dialogues, très abondants, sont parfois difficiles à suivre, mais pour ceux qui aiment cette ambiance bobo-new-yorkaise aux accents de Woody Allen, ‘The Meyerowitz Stories’ offre un bon équilibre entre amour, humour, cynisme et émotion.

 

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