Julia Ducournau : « J’essaie d’être libre en tant que cinéaste, et en tant que personne »

Paru dans Les Grenades (RTBF), juillet 2021 (version intégrale)

Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs. » Voilà en quoi consistait le synopsis officiel du film de Julia Ducournau lors de sa présentation au festival de Cannes. On ne s’essayera donc pas à le résumer, histoire de garder le mystère et la surprise entiers – mais dans ce synopsis laconique, tout est déjà dit : dans ‘Titane’, il sera donc question de métal et de feu, de froid et de chaleur, de vie et de mort… et d’un alliage très particulier issu de la collision de ces deux (id)entités (Agathe Rousselle et Vincent Lindon pour ne pas les nommer).

Dans son fond comme dans sa forme, le film est conçu précisément pour résister aux classifications : mêlant l’amour et le gore, la tendresse et la mort, la démesure (dans les images) et la simplicité (dans les dialogues), ou encore le rapport au corps et à l’identité, ‘Titane’ joue sciemment sur plusieurs genres.

C’est sans doute aussi pour cela qu’au Festival de Cannes, ce film avait divisé les festivaliers, entre cris d’horreur et cris de joie. Alors quand, au terme d’une cérémonie de clôture chaotique, Spike Lee a annoncé que la Palme d’Or lui revenait, le choc était aussi grand des deux côtés. Qu’on adore ou qu’on adhère pas, impossible de rester indifférent devant ‘Titane’, qui provoque des réactions physiques par la force de ses images ; c’est aussi cela qui fait du film une pure expérience de cinéma – et c’était déjà le cas de ‘Grave’, son film précédent : là où certains ont vu de la provocation, on a ainsi vu une artiste fidèle à ses obsessions.

Deux jours après son sacre cannois, Julia Ducournau était en Belgique pour présenter le film en avant-première. Un événement pas du tout fortuit, puisque c’est chez nous que le film a été coproduit, via les liégeois de Frakas Productions. Les Grenades n’ont pas raté cette occasion de rencontrer la deuxième réalisatrice ‘palmée d’or’ de l’histoire du ciné (après Jane Campion, ex-aequo pour ‘La Leçon de Piano’).

Sur la forme comme sur le fond, ‘Titane’ semble vouloir échapper aux classifications. Il y a une volonté de sortir du genre…  

Ttotalement. Sortir de tous les genres, en effet. Du genre féminin-masculin, très clairement. En fait l’idée pour arriver à cet amour absolu entre les deux personnages, c’est vraiment de se rendre compte à travers ça que la question du genre n’est pas du tout pertinente à cet endroit. D’ailleurs à ses yeux à lui, son genre à elle ne la définit pas. Lui, il reste dans son fantasme jusqu’au bout, mais il perd des couches, au fur et à mesure, son regard se clarifie sur son « fils » au fur et à mesure du film. Jusqu’à une acceptation totale à la fin de ce qu’Alexia est : est-ce qu’elle est encore humaine ? est-ce qu’elle est encore femme ? Qu’est-ce qu’elle est ? Ben à la fin, on s’en fout. Ce qui est important, c’est qu’il ne veut pas qu’elle parte. Y a que ça qui compte.

Le film c’est ça aussi : on s’en fout de quel genre de film c’est. On essaye de le classifier, et en fait c’est tout ça à la fois… 

Effectivement, je ne supporte pas qu’on classifie – enfin, c’est pas que je ne supporte pas, mais j’aime pas qu’on essaye de mettre mon film – mes films dans une case – car pour Grave j’avais la même impression, mais ici encore moins. Et c’est vrai que pour moi c’est un vrai geste vers la liberté, en tant que cinéaste et en tant que femme, de me dire que mon genre sexuel ne me définit pas en tant que personne et n’a aucune pertinence dans le discours, dans le dialogue, dans le rapport. Et que mon genre cinématographique ne définit pas ce que je fais non plus. Donc pour moi oui c’est vraiment un geste vers la liberté. J’essaie d’être libre en tant que cinéaste, j’essaye d’être libre en tant que personne : libre de pouvoir choisir ce que vont devenir mes films, et ce que moi je vais devenir. 

J’espère – enfin pour moi c’est aussi ça, cette récompense, et globalement les choses arrivées au ciné ces dernières années : l’idée que ça contribue à aller vers ça : c’est un film. 

Exactement. C’est comme ça que je souhaite qu’on le voie : c’est un film. Et je suis une personne (sourire). Vous savez quand je fais Titane, je sais pertinemment que c’est pas un film qui prend le spectateur par la main, c’est pas un film qui explique. Donc y a des journalistes qui m’ont demandé « Qu’est-ce que vous voulez, en fait, avec quoi vous voulez que le spectateur reparte ? » Et je dis voilà, si au moins quelques personnes peuvent se dire « je ne suis pas seul-e » en voyant mon film, y a que ça qui compte. J’ai déjà gagné. C’est vraiment l’idée. 

Effectivement d’emblée le personnage n’est pas « aimable » donc c’est pas « facile d’accès » comme film, mais comme quoi y a pas forcément besoin, pour se sentir touché, connecté.

Je ne pense pas. A partir du moment où on est capable de stopper le jugement moral, qu’on est juste capable de ressentir – d’essayer, de se mettre dans l’effort de ressentir ce que ressent l’autre… Alors moi j’essaye, par tous les moyens, de faire en sorte que ça arrive, mais ça nécessite une forme d’abandon chez le spectateur. Mais j’ai très foi dans les spectateurs. J’ai foi en le cinéma, et en les outils du cinéma, et j’ai très foi dans la capacité d’abandon du spectateur. Et ça, voilà, c’est vraiment la gageure du film, en commençant un film où pendant 30 minutes au début t’es avec un personnage avec lequel on ne peut pas s’identifier moralement. C’est pas possible. Mais elle reste une personne. Et je veux qu’on la suive parce que je veux qu’elle nous amène vers son humanité à elle. Et je veux qu’on accepte aussi la possibilité qu’elle peut devenir ce qu’elle a décidé de devenir, quoi que ce soit, et qui que ce soit. C’est vrai que l’aspect évolutif du film fait qu’il y a un vrai pari au départ – parce qu’on part de très loin.

Du coup ce qui est intéressant c’est que ça ne passe pas par la psychologie, mais davantage par les images, les sensations. 

Totalement, par le corps. Surtout que je ne veux pas expliquer pourquoi elle est comme ça. 

C’est à nous de nous l’expliquer, moi j’ai dû me le raconter, sinon effectivement j’y arrive pas. On se fait notre histoire, sur la psychologie. Mais le film il nous attrape davantage par les sensations, l’univers, c’est par là qu’on peut rentrer en fait…

Par son corps, beaucoup. Par l’expérience de son corps, qui est très douloureuse, et qui finalement, vis-à-vis duquel elle est aussi vulnérable que n’importe qui. Elle, elle réagit à sa manière à elle, parce que c’est quelqu’un qui est froid, qui a une pulsion de mort permanente, et ambulante. Mais néanmoins, je pense que face à l’expérience du corps, il y a une égalité qui se fait entre nous et elle, et je pense que c’est par ça qu’on peut essayer de la choper – même moi en l’écrivant, c’est comme ça que j’ai pu rentrer dans ce personnage. C’est vrai que… J’allais dire un truc, t’as dit un truc qui m’a fait réfléchir à autre chose attends… j’ai oublié… Qu’est-ce que t’as dit avant ?

Sur le fait que je me raconte, que j’essaye de la comprendre…

Oui voilà, c’est là que j’allais en venir. Parce qu’en fait c’est ce que je disais, j’ai pas envie de donner d’explications à pourquoi elle est comme ça. C’est vrai qu’on ne sait pas : est-ce qu’elle était déjà comme ça petite ? Est-ce que c’est à cause de l’accident ? Est-ce que c’est parce que son père ne la regarde pas ? Est-ce que c’est parce qu’elle est comme ça à la base, et que c’est pour ça que son père ne la regarde pas ? Une fois une journaliste m’a dit « Oui mais quand même, c’est une petite fille de six ans »… Je dis bah et alors… 

Il se passe plein de choses avant six ans…

Voilà, y a des enfants de six ans qui ne sont pas comme d’autres enfants de six ans, tu vois, au bout d’un moment… Moi je ne crois pas à l’innocence forcée…

Par défaut.

Voilà, par défaut quoi, de certains personnages etc. Mais en tout cas ce qui est sûr, c’est que c’est ce que je voulais faire accepter, c’est qu’une femme peut être violente. Ça c’était important, pour moi. Tu vois dans tous les films, y a pas eu beaucoup de films, de biopics sur des serial killeuses – y a quasiment eu que Monster d’ailleurs, peut-être qu’il y en a eu d’autres mais je ne les vois pas…

Ou alors des docus sur Netflix – en tout cas pas des films qui ont ce genre de parcours, qui vont jusque là…

Exactement. Et en fait je me dis, c’est drôle, parce que… j’ai l’impression qu’on a davantage tendance à expliquer, pour les femmes, comme s’il fallait absolument trouver une raison pour essayer de rationaliser cette violence, que quand c’est le cas d’un serial killer homme. Par exemple, Kevin Spacey dans… bon c’est un mauvais exemple en ce moment, mais Spacey dans Seven, bah on explique pas pourquoi il est comme ça, il est comme ça point barre. On rationalise la violence des femmes, alors que celle des hommes, c’est de fait. Oui, bon, c’est un homme violent, OK. Parce qu’on part du principe que la violence ne fait pas partie des femmes, que les femmes ne sont que dans la rondeur, la douceur… Ca, ça me révolte vachement. Je ne dis pas que je prône la violence ou quoi que ce soit, mais ce que je veux dire, c’est qu’il faut qu’il y ait, dans la conception, pour la liberté de tous, dans la conception, faut bien qu’on arrête d’être dans ce statut de victime désignée. C’est pas possible, en fait. Parce que ça, ça touche plein d’autres choses, ça touche quelque chose dont je parle beaucoup, mais qui fait partie un peu de la colère – enfin, pas de la colère, mais de la… parce que c’est pas de la colère chez Alexia, c’est plus une rage interne, tu vois, qui la guide en fait, ce que j’appelle la pulsion de mort, mais c’est vrai que… Le fait qu’on n’ait pas la même appréhension de l’espace public en tant qu’hommes et en tant que femmes, je trouve ça complètement dingue. Ça veut dire qu’on vit dans deux mondes différents, en fait, et que personne ne s’en rend compte. Personnellement, en parlant avec des amis qui sont des mecs – c’est surtout à partir de #MeToo d’ailleurs, qu’on a commencé vraiment à en parler avec des copains, parce qu’avant c’est un truc qu’on disait plutôt entre filles – pour dire mais attends, tu te rends compte quand même que toutes tes copines, ta mère, ta sœur, ta meuf, on a toutes vécu la même chose, et que si tu penses à ton père, ton frère, tous tes potes, pas du tout !? La peur de se prendre une main au cul dans le métro, d’être seule dans la rue de nuit, ou même de jour dans des quartiers où tu te dis ah je sais pas… Mais c’est pas normal ?! Je ne comprends pas que ce soit un acquis social, comme si dans la tête de la société, c’était normal, en fait. Ça, ça me rend dingue. Pourquoi à aucun moment on pense que la fille va se débattre, on pense qu’elle peut péter un câble et buter le gars ? Pourquoi à aucun moment quelqu’un qui agresse une femme ne se dit que la femme va réagir ? Jamais ? Mais c’est dingue ! C’est un tel déséquilibre, c’est une telle charge mentale pour les femmes, ce truc, à vivre au quotidien, de réfléchir à comment on s’habille, si on prend nos baskets dans notre sac, le truc des clés… Tous ces trucs de merde ! On ne devrait même pas devoir penser à ça, pourquoi tout le monde trouve ça normal ? C’est pas normal ! Voilà c’est pour ça qu’Alexia, c’est le seul truc, si y a une explication, pour moi, elle vient de là. C’est que ça me rend ouf. Voilà (sourire). 

C’est pour ça que la première fois que ça arrive, moi perso j’étais plutôt en mode « yes » ! enfin. Après quand c Garance du coup je comprenais moins… au début. Bien sûr, j’ai compris par la suite, là je recevais le film !

Mais parce que c’est une machine à tuer Alexia, et ça je ne peux pas lui enlever, tu vois ? Parce qu’il y a pas de morale, là-dedans, en vrai. C’est juste le personnage qui est comme ça. 

Dès qu’il y a une possibilité d’intimité, de tendresse, y a un rejet total…

Oui, parce qu’elle n’est pas dans l’humanité. Elle n’est pas dans la chair, elle n’est pas dans le vivant. Elle est dans le froid, dans la mort, dans le métal.

Un mot sur Agathe Rousselle : à quel moment tu t’es dit ok c’est elle ? J’ai lu que le casting était non genré.

Ben oui parce que de toute façon, il fallait : un visage inconnu, un visage androgyne. A partir de là, est-ce que tu pars d’Adrien pour aller à Alexia, ou l’inverse… ça n’avait pas vraiment d’importance. Après le gros challenge, c’est qu’il fallait des non-professionnels, et je savais que ça implique énormément de travail derrière pour moi, pour quand même aller sortir des choses à quelqu’un qui n’avait pas joué avant, sur un rôle quand même hyper expressif – d’autant plus que le personnage ne dit rien ! Donc c’était pas facile, et Agathe je l’ai faite revenir plusieurs fois, je crois 4 ou 5 fois en casting, parce que vraiment il fallait que je sois sûre, que je sentais une possibilité chez la personne de pouvoir s’abandonner, ce qui est pas évident du tout. Après Agathe, il y a plusieurs choses, elle a un physique déjà très intéressant, à l’écran je savais qu’avec la lumière, les angles etc., j’allais si tu veux pouvoir créer Alexia/Adrien, selon comment j’allais la filmer, elle passe très bien à l’écran… Et puis voilà, elle a une forte personnalité, elle dégageait une présence très forte… C’est pour toutes ces raisons-là que je l’ai choisie. Et après, on a bossé, bossé, bossé…

Un petit mot sur la mythologie grecque (Elle a un tatouagz du mot grec αμέθυστος sur le bras gauche – amethystos = en grec, désigne la pierre améthyste – mais aussi très littéralement « celui qui n’est pas ivre »).

Ah oui ? En fait je collectionne les améthystes depuis petite, sans savoir trop pourquoi mais j’adorais cette pierre. Après j’ai appris en grandissant le sens de ce mot, et je me suis dit c’est fou parce que je suis vraiment attirée par cette pierre et j’en ai vraiment plein chez moi, et en fait ça fait totalement sens pour moi ce truc. Contre l’ivresse… Il y a toute cette mythologie de dire que les rois grecs, dans l’antiquité, prenaient des améthystes avec eux pour aller négocier les territoires avec d’autres rois, pour pas qu’ils les enivrent, et pour qu’ils puissent garder la main sur la conversation. C’est marrant, parce que ça veut dire aussi qu’en gros, il faut rester centré. Tu vois ? Qu’il y a un truc un peu d’aller vers l’unicité de son être. Et vu que mon travail sur la mutation, sur la métamorphose, c’est ce que je dis toujours, il faut plusieurs pour être un – enfin c’est pas moi qui le dis, c’est probablement Sartre, c’est très existentialiste, mais je trouve que ça correspond vachement à la définition d’amethystos en Grec. 

Comment ça s’est passé le soir de la cérémonie ? Vous avez entendu la gaffe de Spike Lee, ou c’était une surprise ?

Non, j’ai entendu. J’ai entendu, mais… en fait bon vu que je suis quelqu’un de naturellement sceptique… J’ai entendu, mon actrice a entendu, on s’est regardées on a fait « WHAT ?! »… Après je me suis tournée vers Vincent – lui n’avait pas entendu. Donc il me dit « Mais non pas du tout, il a pas dit ça » et tout. Je me suis tournée vers mon vendeur il m’a dit « Non », les distributeurs devant m’ont dit « Non »… Je me dis putain… Mais… Agathe et moi on était sûres de l’avoir entendu ! On se dit, on a pas halluciné quand même… Mais c’était pas clair, tu vois ? Mais quand même… Après tout le monde nous a dit nan, il a dit Nitram, il parlait du prix d’interprétation masculine… Mais moi j’ai bien entendu « Palme d’Or Titane » ! Bref, du coup ça a été un bordel assez énorme, dans ma tête, et autour de nous ! Si tu veux y a tellement de gens qui me disaient que non, que je me suis dit bon, soit j’ai mal entendu, et mon actrice aussi, c’est possible. Soit Spike Lee a mal lu, je me suis dit y a un problème de fiches à la ‘Moonlight’ – parce que bon, gros précédent quand même (rires)… Du coup en fait, déjà j’étais très perdue pour le reste de la cérémonie, parce que j’avais un train de retard, le temps que se calme tout ce bordel dans ma tête, y avait déjà un prix qui était passé, je ne savais plus où on en était…

Moi j’étais en PLS, je ne suivais plus rien !

Moi non plus, je ne suivais plus rien du tout ! Mais attends, c’est quel film, quel prix, je ne comprends pas…

Et plus ça avance, plus ils n’annoncent pas Titane, donc plus ça se confirmait…

Moi je me suis pas dit ça, par contre. Je me suis dit : « Y a une erreur, en fait j’aurais pas dû être appelée ». Tu vois ? Et vraiment, c’est seulement au moment du Grand Prix – en plus c’était ex-aequo, ils ont pas annoncé que c’était ex-aequo, je me suis dit c’est moi ! 

Un petit mot sur la Semaine de la Critique, où tu as fait tes débuts...

Oh ben je suis très contente. Je suis contente qu’ils aient aimé le film déjà, parce que je t’avoue que quand on leur a présenté, j’avais un peu peur, je me disais ça me ferait chier qu’ils aiment pas, parce que j’ai quand même fait deux films chez eux…

Bien sûr que si (rires), j’étais avec Ava en larmes au téléphone samedi soir… Pour nous c’était la Palme…

Vous faites le Chialomètre… !

Mais bien sûr !

Vous m’avez mis combien au Chialomètre ? 

100% !!

Ah cool (rire) !

C’est le seul film à qui on a mis 100 !

Je suis le Chialomètre, hein…

C’est vrai ?

Ouais, vachement ouais (rires)

Ça nous fait trop plaisir ! Mais c’est vrai : c’était notre Palme de Coeur. Depuis le début.

Ah ça me fait plaisir (rires). 

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